Les dix pays les plus démocratiques d’Afrique ne sont pas forcément les mêmes selon les deux index de référence mondiaux publiés chaque année. Pour l’Economist Intelligence Unit (EIU), on ne trouve que six démocraties « défectueuses » en Afrique, alors que l’ONG Freedom House pointe dix pays libres sur le continent, dont les scores n’ont rien à envier à la France, l’Italie ou les Etats-Unis.

La carte du monde en fonction des régimes politiques qui prévalent dans tous les pays, telle qu’elle est publiée par le Democracy Index de l’EIU, le bureau de recherche indépendant monté par le journal The Economist, en dit plus long que tous les grands discours, dès le premier regard. On y trouve d’un côté les continents largement démocratiques – Australie, Amérique du Nord et du Sud, Europe – et de l’autre les régions autoritaires – soit une large partie de l’Asie à l’exception de l’Inde, du Japon, de la Mongolie, des Philippines et de l’Indonésie.

L’Afrique, elle, offre le visage le plus contrasté, avec des points sombres marquant les régimes les plus autoritaires de la planète. Ainsi, au niveau de la Corée du Nord, la Syrie et l’Arabie saoudite, figurent la République démocratique du Congo (RDC), la République de Centrafrique, le Tchad, la Guinée équatoriale et la Guinée-Bissau.

Six démocraties « défectueuses », selon l’EIU

Aucun pays n’y est considéré par l’EIU comme une « démocratie complète » au même titre que l’Australie, le Canada ou les pays scandinaves. Au mieux, on trouve donc des démocraties « défectueuses », au premier rang desquelles l’Afrique du Sud et le Botswana, les deux seules à être les moins « imparfaites » d’Afrique, en raison de la solidité de leurs institutions démocratiques (Constitutions respectées, élections transparentes, contre-pouvoirs démocratiques). Viennent ensuite la Namibie, le Ghana, le Sénégal et la Tunisie. Soit 6 pays sur 54.

Tous les autres sont des « régimes hybrides » à mi-chemin entre le régime autoritaire et la démocratie. Ceux qui se classent parmi les plus avancés vers la démocratie sont le Mali, le Liberia et le Bénin sur la côte ouest-africaine, ainsi que Madagascar, l’Ouganda, la Zambie, la Tanzanie et le Kenya sur le versant oriental de l’Afrique.

L’index de l’EIU est connu pour être strict. Il ne distingue que 19 « démocraties complètes » dans le monde, sur une liste de 167 pays qui ne tient pas compte de certains Etats faillis comme la Somalie où les données statistiques ne sont pas disponibles. L’EIU a déclassé cette annéeles Etats-Unis de Donald Trump, pour les ranger dans la catégorie « défectueuse », en raison d’une « érosion de la confiance dans le gouvernement et les élus ». Cet index pointe par ailleurs une « récession démocratique » mondiale en 2016, avec des avancées dans 38 pays seulement, contre 72 pays marquant de moins bons scores, notamment en Europe de l’Est.

Dix pays « libres » en Afrique, selon Freedom House

L’index 2017 du bureau d’étude indépendant Freedom House aux Etats-Unis ne trouve pas non plus beaucoup de pays « libres » en Afrique. Il s’avère cependant plus précis s’agissant du continent, puisqu’il n’oublie pas les îles du Cap-Vert, Maurice ou Sao Tomé et Principe comme le fait l’EIU.

Du coup, sur la carte du monde de Freedom House, qui mesure les degrés de libertés publiques et de droits politiques, dix pays d’Afrique se distinguent comme « libres » (18% du total et seulement 12% de la population au sud du Sahara). Il s’agit dans l’ordre du Cap-Vert (avec un index élevé de 90, similaire à celui de la France, sur une échelle allant de 0 à 100), l’île Maurice (89, aussi bien que l’Italie ou les Etats-Unis), du Ghana (83, au même niveau que Panama), du Bénin (82, comme l’Argentine et la Corée du Sud), Sao Tomé et Principe (81), suivi par le Sénégal, l’Afrique du Sud et la Tunisie (78, un cran en dessous du Brésil), la Namibie (77, le même niveau que l’Inde) et le Botswana (72, à égalité avec le Pérou).

Le Botswana tend à usurper sa bonne réputation de démocratie africaine, en raison de « la mainmise qu’exerce le parti au pouvoir depuis l’indépendance et des tendances autoritaires de son président actuel, Seretse Ian Khama », note Freedom House.

Viennent ensuite les pays « partiellement libres » (41% au sud du Sahara et 49% de la population), dans lesquels se trouvent pêle-mêle le Maroc, le Mali, la Côte d’Ivoire, le Togo, le Niger, le Nigeria, le Kenya, la Zambie, la Tanzanie, le Mozambique, le Malawi, le Zimbabwe ou Madagascar pour ne citer qu’eux.

Une bonne moitié de l’Afrique se classe parmi les pays « non libres » (41% des pays au sud du Sahara et 39% de la population). Les pires scores sont ceux de l’Erythrée (3, le même niveau qu’en Corée du Nord), du Sahara occidental (reconnu ici comme un pays, 4), du Soudan du Sud (4), de la Somalie (5), du Soudan (6), de la Guinée équatoriale (8), de la République centrafricaine (10, au même niveau que l’Arabie saoudite), de l’Ethiopie (12), la Libye (13, qui n’est pas loin du score de la Chine) ou du Tchad (18, au même niveau que l’Iran), suivis par la République démocratique du Congo et le Burundi (19), la Gambie (20) ainsi que le Rwanda, le Cameroun et l’Angola (24, le même score que l’Afghanistan).

Les analystes de Freedom House pointent eux aussi les points marqués partout par les populistes et les autocrates. Le nombre de pays ayant reculé sur le plan des libertés publiques a été supérieur (67) à ceux qui ont fait des avancées (36) en 2016.

RFI

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