Les futurs ingénieurs ouest-africains se forment.
L’une des plus prestigieuses écoles d’ingénieurs d’Afrique de l’Ouest a trouvé dans le combat contre le Covid-19 le terrain où pratiquer et développer le savoir-faire de ses élèves, au service d’une grande cause.

Les étudiants de l’Ecole supérieure polytechnique de Dakar, d’où sort chaque année une partie de l’élite des ingénieurs du Sénégal et des pays environnants, viennent de construire « Docteur Car », un robot multitâches d’assistance aux soignants. Ils ont aussi fabriqué leur distributeur automatique de gel hydroalcoolique.

« Docteur Car », piloté à distance grâce à une caméra et une application, peut se rendre dans les chambres pour prendre la température ou la tension des malades ou leur apporter leurs médicaments ou leur repas, annonce l’école.

« À un moment donné, nous nous sommes rendu compte qu’au Sénégal (…) le matériel médical pour le personnel de santé était limité », dit Lamine Mouhamed Kébé, 23 ans, l’un des étudiants qui ont mis au point le robot.

Robot multilingue –
Il a l’allure d’un présentoir sur roues, parle le wolof et le pulaar en usage au Sénégal, le français, l’anglais, et devrait intégrer d’autres idiomes.

Les médecins peuvent communiquer avec les malades à travers lui, dit Lamine Mouhamed Kébé. Potentiellement, « Docteur Car » pourrait servir d’intermédiaire dans des régions rurales reculées, ajoute-t-il.

Le pandémie reste relativement contenue au Sénégal, qui a officiellement déclaré près de 2.000 cas de contamination depuis le 2 mars et 19 décès.

Ici comme ailleurs, elle a stimulé les bonnes volontés, mais suscite l’inquiétude quant aux limites en moyens sanitaires et en effectifs humains face à une éventuelle propagation du mal.

Alors les médecins prennent au sérieux la contribution de l’Ecole polytechnique.

Abdoulaye Bousso, l’un des responsables de la riposte au Covid-19, a demandé aux étudiants de retravailler un premier prototype de « Docteur Car » pour y ajouter des bras mécaniques capables d’effectuer des tests médicaux. Les élèves tentent actuellement d’accéder à cette demande.

« C’est tout un processus », dit le Dr Bousso. Mais l’idée c’est qu’au bout du compte « Docteur Car » soit déployé dans les hôpitaux et réduise certaines interventions, donc le risque de contamination, l’emploi de matériel de protection et même de ressources humaines dans une période tendue, dit-il.

L’école, qui forme environ 4.000 élèves de 28 pays, a toujours mis l’accent sur l’initiative et les projets pratiques, et la pandémie représentait un champ d’action naturel pour elle, dit Ndiaga Ndiaye, professeur, chargé de la valorisation des productions de l’école.

Fibre patriotique –
« Nous sommes un établissement public. Il y a un concept qui nous lie tous, c’est le service à la communauté, autour duquel tout est structuré », dit-il, « tout ce que nous faisons doit servir aux populations ».

« Docteur Car » est à cet égard « loin d’être un gadget, au contraire c’est très pratique ».

Le département de génie chimique et biologie appliquée de l’établissement a préparé 1.000 litres de gel hydroalcoolique remis au ministère de la Santé.

Gianna Andjembe, 26 ans, a conçu un distributeur automatique de gel antiseptique spécialement approprié dans les hôpitaux et les écoles selon lui.

« En tant que scientifiques, qu’ingénieurs, nous devons relever les défis et prendre en main notre destin », dit-il.

Le virus a bouleversé la vie des étudiants, contraints de suivre les cours magistraux en vidéo et, comme les autres Dakarois, de courir pour ne pas enfreindre le couvre-feu nocturne alors qu’ils avaient coutume de traîner dans les laboratoires après la tombée de la nuit.

Mais la crise sanitaire confère un autre sens à leurs études. « Ce qui a changé, c’est la responsabilité », dit Lamine Mouhamed Kébé, un des inventeurs de « Docteur Car ». « Ça nous a donné beaucoup plus de patriotisme ».

SlateAfrique

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