Promis par le président Macky Sall, 15 députés ont été élus par les Sénégalais de l’étranger lors des Législatives de juillet 2017. Pour les trois millions de membres de la diaspora sénégalaise, avoir des représentants à l’Assemblée nationale est une évidence. Mais pour quoi faire ?

« Les Sénégalais de la diaspora ont besoin d’aides pour financer et gérer leurs projets, pour se soigner, pour rapatrier les corps de certains de nos parents », estime Seybatou Aw, élu en Côte d’Ivoire, dans la circonscription de l’Afrique de l’Ouest. En effet, les doléances des Sénégalais de l’étranger sont nombreuses et ils attendent que leurs nouveaux représentants à l’Assemblée nationale fassent le job. « Etre élu député, ce n’est pas une fin en soi, se défend presque Demba Sow, élu en France, dans la circonscription de l’Europe du Nord, de l’Ouest et du Centre. C’est le début d’un combat ». Un combat qui s’appelle le logement, estimé comme priorité des Sénégalais de l’étranger, ainsi que le règlement des problèmes de documents administratifs (passeports, carte nationale d’identité, état civil). Demba Sow, employé au Service état civil du consulat du Sénégal à Paris avant son élection, cible les mêmes thématiques en faisant également du logement une nécessité. « Des mafieux ont « bouffé » les économies des immigrés, s’indigne-t-il. Pour les rapatriements des corps, il faut trouver des mutuelles qui travaillent avec l’État. Notre mission est d’être proche de la diaspora, les réunir, faire des évaluations pour voir ce qu’on peut porter comme projets. Le rôle du député n’est pas de faire des promesses. Mais, de rendre réel des projets de lois dont l’émanation est issue du peuple ».

Nango Seck, élu en Italie, dans la circonscription de l’Europe du Sud, met, lui, le curseur sur d’autres thématiques. « Les Sénégalais en Italie travaillent et versent des milliards dans les caisses de l’État italien, et cela risque de n’aboutir à rien. Il n’y a pas d’accord bilatéral entre l’Italie et le Sénégal pour sauver nos retraites qui sont en Italie. On est obligé de travailler jusqu’à la retraite, rentrer bredouille et se faire prendre en charge par l’État sénégalais alors que nos retraites dorment dans les caisses des États européens. Il faut mettre en place une commission entre les deux États pour gérer cette question des retraites », expliquait-il au « Soleil » en août dernier. Au vu de la particularité de l’immigration sénégalaise en Europe du Sud, Nango Seck souhaite la mise en place d’une commission mixte entre le Sénégal et les trois pays qui la composent (Italie, Portugal et Espagne) sur la question des retraites. Le néo député compte également se faire entendre sur la sensible question de l’âge des véhicules autorisés à entrer au Sénégal. Il est de 8 ans actuellement. Les demandes provenant de la diaspora font état d’une hausse jusqu’à 10 ans.

Sur les quinze députés élus, seuls trois sont de l’opposition (ceux issus de la circonscription de l’Europe du Sud). Mais, Demba Sow de la coalition BBY (au pouvoir) envisage de former un groupe parlementaire avec les députés de l’opposition. « Il faut un guichet unique, une maison du Sénégal à l’étranger. Les Sénégalais de la diaspora sont exigeants et engagés ; ils vont nous demander forcément ce que nous avons fait du mandat qu’ils nous ont donné. Nous ne serons pas une chambre où on applaudit d’une séance à une autre ». Cela paraît juste pour répondre à toutes les inquiétudes liées à leur utilité.

Moussa DIOP

Auteur: Le Soleil – Le Soleil

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