La nécessité de publier les accords sur l’exploitation du gisement gazier de Grand Tortue Ahmeyin (GTA), conclus avec la Mauritanie répond à un souci de transparence, de protection de nos ressources, de notre environnement et de la rentabilité économique collective.
Un bref rappel des faits,
Le Sénégal avait signé un accord d’association avec PETROTIM, celui-ci a cédé ses actions à KOSMOS et ce dernier a vendu 60% de ses parts à British Petroleum BP.
Les parts sont répartis comme suit : sociétés d’exploitation (KOSMOS et BP) 90% PETROSEN (Sénégal) 10%.
La Mauritanie a signé un contrat d’exploration avec KOSMOS selon les conditions suivantes : KOSMOS 90% et la Société Mauritanienne des Hydrocarbures et de Patrimoine Minier (SMHPM) détient les 10 % restants
Maintenant pour l’exploitation et la commercialisation, il a été convenu que Dakar et Nouakchott devront engager une étude d’impact environnemental et social et finaliser un accord entre les deux pays. Ce qui a été finalement signé, sur les bases d’un partage par principe d’unitisation inspiré du traité de Frigg avec une parité sur les ressources de 50% pour chaque Etat. Par conséquent, il est retenu maintenant : KOSMOS détient près de 29% de participation sur le bloc (Tortue unifié), British Petroleum (BP) 61%, PETROSEN Sénégal 5 % et SMHPH Mauritanie 5 %.
Que dire de plus sinon que KOSMOS a exploité une insensée rivalité entre deux pays voisins pour se faire un profit a notre détriment,
Pire encore parlant de la production le contrat de St Louis offshore profond dans son article 9.4 dit : « Si les Parties doivent vendre à l’Etat une fraction des quantités d’Hydrocarbures leur revenant pour couvrir, conformément au Contrat, les besoins de la consommation intérieure du Sénégal, cette obligation sera répartie entre les Parties au prorata de leurs Pourcentages de Participation. »
Cela veut dire que même si par exemple la SENELEC qui est une fierté nationale achète 1 milliards de FCFA de gaz provenant du Sénégal, pour la production d’énergie au Sénégal ; 610 millions reviendront à British Petroleum BP, 290 millions à KOSMOS, 50 millions à l’Etat du Sénégal, et 50 millions au gouvernement Mauritanien.

Pauvre de nous peuple africain.
Mais aussi il y’a un besoin de clarification sur les termes utilisés, on nous dit que le site Grand Tortue Ahmeyin (GTA), est situé à 5200 m de profondeur, sur une surface de 1200 km2 et une estimation des ressources brutes de 450milliards de mètres cubes.
Or dans le contrat avec petro Tim signé en 2012 et racheté par KOSMOS on nous parle d’exploitation des réserves d’hydrocarbures.
Par définition les ressources sont toutes les quantités en place dans la croute terrestre identifiée ou non
Les réserves sont les hydrocarbures récupérables et dont la production est commercialisable dans les conditions actuelles du marché.
Devant cette situation, le gouvernement du Sénégal a l’obligation de nous répondre sur 3 questions
Qu’avons-nous découvert et quel volume reste à découvrir ?
Quelle fraction de ces quantités peut-on techniquement récupérer ?
Enfin les couts de mise en production sont il suffisamment compétitifs pour permettre d’accéder au marché ?
Ceci doit permettre de mettre fin à une confusion soigneusement entretenue, tantôt pour des raisons commerciales (détermination des quotas) tantôt pour des raisons financières (cours boursier) par les sociétés pétrolières qui sont coutumières de telles pratiques malsaines.
Ensuite l’accord de Frigg qui a servi de référence ne parle pas uniquement du partage du produit et des revenus économiques entre la grande Bretagne et la Norvège, il cite d’autres clauses : clause sur la fiscalité concernant l’exploitation (entreprises locales devant sous-traiter) et le transport (navire méthanier) et une clause sur la législation du travail (recrutement ; conditions etc.)
Quand est-il de ses autres clauses ?
Par ailleurs les résultats de l’étude sur l’impact environnemental et social doivent être connus de tous les sénégalais, car contrairement à la Mauritanie qui en dehors de la pêche vit du commerce et de l’extraction de ses minerais de fer, l’économie sénégalaise elle, est tributaire d’autres activités marines et maritimes, car, la pêche contribue à 3.2% de notre PIB, le tourisme a 6.3% de notre PIB et les activités de maraichages etc.
Dans ce contexte il est important de rendre publique les accords car l’exploitation, la production et la commercialisation du GNL nécessite trois composants : une unité de liquéfaction (qui sera installée conformément a l’accord signé par nos deux Etats à 8km au large des côtes sénégalaises et mauritaniennes par KOSMOS), des Méthaniers (navires de transport) et un centre de regazéification et stockage (pour les pays importateur).
Par conséquent, cette exploitation va entrainer trois sortes de pollutions
Une pollution venant des installations offshores.
Une pollution causée par le transport gazier générée par le trafic maritime.
Quelles sera l’impact de ces deux premiers types de pollutions sur les autres activités économiques marines et maritimes citées au-dessus (plage et mer)?
Et enfin plus grave, une pollution due aux déversements de gaz suite aux opérations de chargement, aux accidents de navires méthanier (cas de catastrophe écologique) qui peut affecter plus le Sénégal que la Mauritanie du fait de phénomène géographique comme la « dérive littorale ».
Quelles sont dans ce cas les clauses de partage de la gestion des risques et catastrophes ?
Sur le plan de la commercialisation il est important de rendre publique les accords signés sur le gaz car, le Sénégal est un pays importateur de gaz principalement de GPL (gaz de pétrole liquéfié) et une population consommatrice de gaz butane (dérivé du GPL), les premiers barils GNL commenceront à être produits en 2021, le Sénégal sera dès lors producteur et consommateur de GNL (gaz naturel liquéfié) qui est composé principalement de méthane, par conséquent de nouvelles installations de stockage doivent être implantées afin de pouvoir permettre aussi à la population sénégalaise d’avoir à leur disposition cette nouvelle source d’énergie dont le prix devra impérativement être moins chers, mais aussi l’opportunité d’offrir à nos entreprises locales de stockage et de transformation des hydrocarbures (comme Senstock, Oryx, SAR) de se préparer à conquérir ce marché surtout dans la sous-région, même si elles auraient dues être associées aux négociations en amont.
Quelles sont les conditions de préférence nationale et les mesures d’accompagnements infrastructurelles pour permettre aux entreprises sénégalaises de participer activement au développement de cette nouvelle ressource ?
La transparence et la publication des accords est d’une nécessité pour éviter le syndrome du pétrole nigérian qui malgré les apports non négligeables de l’exploitation de son pétrole (20% du PIB, 65% des recettes d’exportation (96% avec le gaz), et 65% des recettes du budget de l’Etat nigérian), en raison d’un manque criant d’infrastructures de traitement, ce pays doit lui-même importer plus de 90% du pétrole qui y est utilisé ce qui conduit à des cas de pénurie, ce qui est une situation aberrante pour un Etat qui en déborde.
En conclusion vu toute cette nébuleuse qui entoure les contrats de pétrole et gaz , dans le cadre de la gestion de nos ressources transfrontalières, il faut faire appel à un sursaut africain, qui impose le dépassement de considération nationaliste, l’abandon de rivalités Inter-Etat ridicules qui renforcent la pratique du « diviser pour régner » alors que nous partageons les mêmes langues, les mêmes peuples et la même civilisation,
Enfin il faut préconiser l’établissement d’une Organisation pour la Mise en Valeur des Cotes de l’Atlantique Ouest-africain (OMVC/AO) devant regrouper la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie et la Guinée Bissau pour une gestion durable et concertée des contrats d’exploration, d’exploitation, de production et de commercialisation de nos ressources marines et maritimes dans la transparence la plus totale et au profit de nos états respectifs.

Magatte DIAW
Responsable Rewmi Thiès-Ouest

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