20e JOUR du PROCES de l’IMAM NDAO ET CIE : après la réquisition de l’avocat général ; la plaidoirie des avocats de la défense.

 

(Fatima NDONGO envoyée spéciale)-Les avocats de Mouhamed Ndiaye alias Abou Youssouf ouvrent les débats.

Me Mamadou Gueye : « Les déclarations de mon client à l‘enquête, devant le juge d’instruction et à la barre sont différents. Et il réfute celles de l’enquête parce que nous savons les méthodes utilisées pour les obtenir. Si en absence d’éléments objectifs et en se fondant sur ses déclarations, vous devez les charger contre lui. II n’y a aucun témoin qui peut affirmer qu’il a combattu dans le fief de Boko Haram. Et aucun enquêteur ne peut le confirmer ».

« On le poursuit pour acte de terrorisme en faisant croire qu’il avait un projet de «Daawa» barre, il vous a dit que son départ du Nigéria a été motivé par l’apprentissage du coran. Il était au Nigéria pour cela et non pour combattre au côté de, c’est-à-dire l’installation d’un Etat islamique. Devant votre Boko Haram. Bien qu’il n’a pas nié le fait d’avoir subi des entraînements mais, il l’a fait sous la contrainte ».

« L’élément moral fait défaut en ce qui concerne l’acte de terrorisme, car il a agi d’une manière intentionnelle. Les déclarations du procureur ne sont étayées par aucun élément de preuves. Il a cherché dans la tête des accusés pour entrer en voie de condamnation. En conséquence le crime d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste n’est pas établi. Car, mon client et les autres qui étaient à côté de Boko Haram ont regretté d’y être allés. Je sollicite d’acquitter purement et simplement de Mouhamed Ndiaye, en précisant à l’avocat général que le droit pénal est le droit de la certitude ».

Me Ndéné Ndiaye : « Mouhamed Ndiaye est poursuivi pour acte de terrorisme par menace en vue de troubler l’ordre public, d’acte de complots par menace, association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, d’apologie du terrorisme, de financement du terrorisme et de blanchiment de capitaux. Les chefs d’accusations sont inhabituels et les faits ont inédits. Il faut que vous compreniez qui est Mouhamed Ndiaye ».

« Il est né à Libreville au Gabon en 1984 et à l’âge de 2 ans. Il est arraché à sa mère et à son père avant qu’il ne soit donné à son grand-père ; vivant dans la banlieue Dakaroise avec des conditions difficiles. Mis à l’école française où il n’a pas réussi, il est mis à l’école coranique avant qu’il ne se lance dans la mécanique à l’âge de 11 ans puis de devenir maçon ; ensuite se reconvertir en pêcheur. Marié à 23 ans, père de bouts de bois de Dieu. Mouhamed a personnalité instable du coté professionnel et scolaire. Mouhamed Ndiaye est un garçon sans repère qui, dans un contexte est une proie facile qui a rencontré des recruteurs » 

« Ces endoctrineurs dont Aboubacry Gueye. En vous parlant de son voyage du Nigéria, il vous a dit qu’il a été influencé par Aboubacry qui l’a conseillé d’aller combattre auprès de ses frères musulmans. C’est dans ce contexte qu’il n’a pu résister à la force de persuasion. Il a voyagé dans des conditions difficiles et il a atterrit au Nigéria. A Simbissa, Mouhamed Ndiaye a vu Sékhau Me le président c’est la vérité et nous le reconnaissons. Mouhamed a dit avoir séjourné à Abadame, subi des entraînements, initié aux maniements des armes et assisté à des combats. Après une désillusion, il s’est concerté avant de rentrer avec l’intervention de Diokhané. Ensuite 5 mois après, il a été arrêté par la Dic ».

« Mouhamed Ndiaye a été inculpé suivant la loi de 2007. Au moment de le renvoyer devant vous, cette loi a été modifiée, mais le problème vient de l’ordonnance de renvoi. Et il faudrait qu’on règle un problème qui me parait préjudicielle. Car, au moment de motiver, il vise les dispositions de la loi de 2009. On ne peut pas viser l’article 279/1 à 279/5 qui parle de l’apologie du terrorisme. Que lui reproche-t-on ? acte de terrorisme par menaces en vue de troubler l’ordre public ou le fonctionnement des institutions. Il faut rendre à César ce qui est à César ».

« Mouhamed Ndiaye a été l’accusé le plus prolixe, depuis l’enquête jusqu’à la barre de votre juridiction, il n’a pas parlé de ce projet d’installation d’Etat islamique. Il n’a jamais posé un acte et on ne peut pas le condamner pour acte de terrorisme. Il est également poursuivi pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Et sur quoi se fonde-t-on pour le dire ? Mouhamed Ndiaye n’est pas poursuivi par qu’il s’est rendu au Nigéria ou appris comment démonter une Kalachnikov. Pour cela on ne peut pas dire que l’acte de terrorisme et d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste sont établis. Il est aussi poursuivi pour financement du terrorisme, le ministère public ne nous a pas montré en quoi il a participé à financer le terrorisme. Il n’a pas fourni de fonds et le ministère public s’est rendu à l’évidence. Il n’a jamais touché à l’argent en rentrant avec Diokhané au Sénégal ».

« Il est parti sur la base de l’argent de Moustapha Diop qui lui a payé le billet. Il n’est pas prouvé, qu’il ait financé le terrorisme. Il est également poursuivi pour blanchiment de capitaux. Celui-ci n’est pas simplement caractérisé par le fait d’avoir acquis de l’argent. Mais c’est la nature illicite de tenter à dissimuler l’argent. Et il faut que l’auteur sache que ces fonds proviennent d’une infraction pénale qui est consommée et commis ailleurs. Nulle part, il n’a reçu des fonds pour tenter de les dissimuler. Et il ne pourrait pas savoir si Moustapha Diop a reçu l’argent qu’il lui payé le billet d’une casse ou autre. Je ne pense pas qu’il puisse être poursuivi pour ce crime. Pour l’apologie du terrorisme, Mouhamed Ndiaye n’a pas tenu des actes tendant à faire la propagande du terrorisme ».

« Et il n’a jamais été pris à défaut faisant l’apologie du terrorisme. Mon confrère vous a demandé de l’acquitté, mais ce qui aura retenu les esprits c’est qu’il fait partie de ceux qui étaient au Nigéria et qu’il vous a dit que c’était une erreur. Mais qu’il n’est pas jugé pour cela. Rentrer en voie de condamnation contre lui sur la base de ces éléments, serait une erreur et je souscris à la demande de mon confrère en demandant son acquittement. Si le tribunal avait l’ultime conviction qu’il a fauté, je demande une application mesurée de la loi ; si l’improbable se produisait. Il s’est amendé, s’est repenti devant le juge d’instruction. Il mérite une chance pour se réinsérer dans la société. Il a 34 ans et le nécessaire pour lui est capital et c’est pour cela que j’ai été long ». A suivre…

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