La Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique au Sénégal (Cosydep) a lancé mercredi le projet ‘’Lycées modernes de la citoyenneté et du civisme’’ (LM2C), dans le but d’arrêter la poussée de violence dans les écoles. L’initiative LM2C est censée ‘’contribuer à la promotion des valeurs de démocratie, de tolérance, de justice et de paix’’, par le biais de diverses activités qui seront menées à l’école, a indiqué la Cosydep lors de son lancement au lycée de Keur Massar, dans la région de Dakar. Le projet cible quatre établissements d’enseignement secondaire de la même région : les lycées Seydina-Limamou-Laye, Abdoulaye-Sadji, les lycées des Parcelles Assainies et de Keur Massar.
Selon Mamadou Ndiaye, le responsable de la recherche et de la documentation à la Cosydep, il a été élaboré à la suite de la série de violences survenues dans les établissements scolaires au cours de la dernière année scolaire (2020-2021). Des élèves se sont livrés à un saccage en règle des équipements scolaires. Des enseignants ont été agressés par des élèves. Pour parer à ces actes de violence, la Cosydep, constituée de syndicats d’enseignants et d’organisations de la société civile, ‘’a choisi l’éducation pour contribuer à la promotion des valeurs de démocratie, de tolérance, de justice et de paix’’, a dit M. Ndiaye lors du lancement de l’initiative LM2C à Keur Massar.
Selon lui, des débats et des activités théâtrales vont se tenir dans les écoles en vue de la vulgarisation de messages incitant à la ‘’non-violence’’, au ‘’respect de l’autre’’, à la ‘’culture de la paix’’, etc.
‘’Tous les hommes (les êtres humains) sont violents par nature’’, a lancé le sociologue et enseignant-chercheur Djiby Diakhaté, consultant du projet.
Dès lors, ‘’il est clair que s’il n’y a pas d’éducation, de socialisation, l’individu est (…) très fragile, malléable et apte à poser des actes de violence’’, a souligné M. Diakhaté lors du lancement des LM2C.
‘’Il va falloir trouver un mécanisme permettant de développer chez l’enfant des réflexes de citoyenneté et de civisme, de faire en sorte que cette tendance à la violence soit [contenue] par l’individu lui-même’’, a-t-il ajouté en parlant de la finalité du projet.
‘’L’école est en train de se substituer progressivement à la famille, surtout depuis l’instauration de la journée continue, les enfants passant beaucoup de temps à l’école’’, a expliqué Djiby Diakhaté, enseignant à l’Université Cheikh-Anta-Diop de Dakar.
Il a signalé la disparition, dans de nombreuses écoles, des agents de régulation de la vie scolaire, dont les assistants sociaux. Le proviseur du lycée de Keur Massar, Demba Ngom, a salué cette initiative de la Cosydep, qui bénéficie du soutien de l’ambassade du Portugal au Sénégal. A son avis, elle est d’autant plus utile que, pour la première fois, il a assisté à des scènes de violence dans son établissement, au cours de l’année 2020-2021. M. Ngom espère que les LM2C vont aider à ‘’développer un apprentissage autour d’activités qui permettent de promouvoir la citoyenneté et le civisme’’, comme le veut la Cosydep. Les enseignants, les élèves, le personnel administratif et les parents d’élèves vont bénéficier de l’apprentissage à la ‘’non-violence’’, qui sera dispensé dans les établissements scolaires pour ‘’construire une école de laquelle on sort (…) imbu de civisme et d’éthique’’. Une évaluation du projet sera faite à la fin de l’année scolaire, pour en mesurer les retombées.