Le Sénégal est un pays d’origine de transit et de destination pour les migrants, mais la réalité migratoire du pays est en partie difficile à appréhender du fait de lacunes dans la collecte et la production de données, notamment sur la migration régulière.
Dans ce contexte de migration, les médias jouent un rôle crucial en fournissant des informations vérifiées, des opinions éclairées ainsi que des récits équilibrés et inclusifs, qui permettent une meilleure compréhension du public du processus migratoire, sous toutes ses formes. D’où le forum des parties prenantes sur les médias et la migration au Sénégal organisé par le ministère de la communication en partenariat avec l’UNESCO.
Pendant deux jours, les autorités du ministère de la communication, les acteurs des médias, les organes de régulation des médias ainsi que les associations des médias, les migrants et les partenaires techniques et financiers se sont réunis en vue de se pencher sur le traitement de l’information relative à la question migratoire au Sénégal afin d’apporter des recommandations qui aideront à une meilleure prise en compte de cette question par les médias sénégalais pour un traitement équitable.
« Pendant ces deux jours, nous avons beaucoup appris et nous nous sommes rendus compte qu’il y a un autre regard par rapport à la migration. Il s’agissait de travailler sur quatre grands axes thématiques : d’abord sur la gouvernance de la politique migratoire nationale avec tout ce qu’il y a comme stratégie. Ensuite nous avons parlé du risque de désinformation avec les fake news et l’avènement des réseaux sociaux et de la presse en ligne où le traitement de la question migratoire est délicat et nécessite d’avoir beaucoup de recul pour mieux prendre en compte la sensibilité de la question. Nous avons aussi parlé de la migration en Afrique et d’ailleurs. Parce que nous nous sommes rendu compte contrairement à ce que les gens pensent que 70% de la migration concerne la migration intra-africaine, c’est-à-dire entre les pays africains à l’intérieur du pays. Il n’y a qu’à peine 27% qui concerne la migration vers les pays du Nord », a rappelé Ousseynou Dieng, le directeur de la communication dudit ministère.
À cet effet, une batterie de recommandations a été dressée par les acteurs pour mieux prendre en compte le traitement de l’information migratoire par les médias sénégalais afin d’amener l’État à adopter une politique migratoire cohérente. « Ce qui est important pour nous, c’est d’avoir une meilleure image du migrant. Et la question de la migration est toujours traité sous un angle sensationnel et elle a toujours un trait avec la question de la sécurité, et dans le traitement de l’information, les journalistes ont tendance à mettre en avant les aspects négatifs de la migration, alors qu’à coté, il y a une autre image positive de la migration. Et donc la migration a toujours été quelque chose de naturel. C’est pourquoi dans les discussions nous avons proposé une batterie de mesures, notamment la mise en place d’un réseau d’échanges et de partage de l’information, mettre en place un système de fact checking pour mieux vérifier l’information relative à la migration, de former les journalistes et les acteurs des médias, prendre une batterie de mesures pour amener l’État à mettre en place une politique migratoire cohérente », renseigne toujours Ousseynou Dieng…