Leral revisite la lutte sénégalaise à travers les hauts faits des anciens champions comme Robert Diouf, Mbaye Guèye, Falaye Baldé, entre autres. Pour ce livre ouvert, après Alioune Camara alias Boy Bambara, Double Less, et autres Falaye Baldé, c’est au tour de Yahya Diop Yékini qui a arrêté sa carrière sous peu. Ces extraits sont tirés du livre sur la lutte sénégalaise « Au-delà des millions et des passions », du journaliste Omar Sharif Ndao. *
Yékini, champion incontesté de la lutte sénégalaise est en passe de finir sa carrière avec une mention très bien ou assez bien avec une seule tâche noire dans sa carrière : la défaite concédée par Balla Gaye n°2. Un zoom sur sa carrière nationale et internationale avec des chiffres qui parlent d’eux-mêmes.
Un tempérament de gagneur l’habite déjà. Avant même qu’il ne commence à pratiquer ce sport qui lui a donné beaucoup de satisfaction. C’est au mois de décembre 1992 lors d’une visite à ses grands-parents restés à Bassoul et à ses parents installés à Joal-Fadiouth, il assiste à un tournoi de lutte simple ou «mbapatt», dominé par un lutteur qui n’était pas du terroir. Le spectacle qui s’offrait à ses yeux était insupportable. Il emprunta alors un pagne pour en faire un «ngeemb» et défia ce champion étranger. Lorsqu’il le terrassa à la plus grande surprise, on lui fit comprendre qu’il pourrait devenir un grand Champion. Ainsi de 1992 à 1997 il participa à plusieurs tournois et remporta plus de soixante (60) trophées.
Quand il a battu Mor Fadam en 2003, personne ne le voyait venir, pourtant les qualités qui sont siennes étaient là. Sa carrière était plombée par un manque de charisme, de «nom». Il n’avait pas ce côté «produit vendable» qui attirait les promoteurs qui jetaient leur dévolu sur Moustapha Guèye ou au nouveau phénomène de l’arène, Mohamed Ndao «Tyson». C’est quand il se défait de Khadim Ndiaye en 2005, de Mohamed Ndao «Tyson», que les portes, étroitement scellées, s’ouvrent à lui. Il enchaîne les succès avec Balla Bèye N°2 et Bombardier comme souffre-douleur. Ces lutteurs ont mordu la poussière à six reprises, défaits chacun trois fois. Il s’offusquera du fait qu’il soit mis en minorité après sa victoire sur Balla Bèye N°2 et de son match nul devant Moustapha Guèye. A l’en croire, la presse a plus parlé, écrit sur le vaincu (Balla Bèye N°2) et lui a collé sur le dos le match nul tronqué face au lutteur de Fass. Virulent dans ses déclarations contre Bombardier lors de leur dernier face-à-face, qu’il a vaincu avec la manière, Yékini est en passe de devenir un véritable communicateur. Mais cette communication n’a pas bien marché devant Balla Gaye N°2 et lui a même joué des tours. D’une rare violence et frisant même l’arrogance, Yékini s’est attiré les foudres chez certains de ses inconditionnels, à plus forte raison dans le milieu de la lutte. «Lima nara def sama diganté ak Balla Gaye N°2, benmbindef munumako teere. Du ben serin buci mën dara» (aucune personne ni marabout ne pourra s’interposer sur la correction que j’ai l’intention de donner à Balla Gaye N°2). Cette déclaration avait sonné comme un défi et la sentence ne s’est pas fait attendre. Les marabouts de son adversaire qui se sentent interpellés et Balla Gaye N°2 en personne en ont fait leur affaire.
Khadim Ndiaye, une dizaine d’années plus tard après son combat perdu face à Yékini, n’en revient toujours pas. «Lors de ce combat, il m’est arrivé une chose incroyable. Je ne pesais pas 100 kg et me portais comme un charme. Mais au fil de mon échauffement, j’ai remarqué que mon ventre grossissait à vue d’œil. J’arrivais à peine à mettre mes bras autour. Et quand était venue l’heure de me déshabiller, je ne parvenais pas à le faire dans les règles de l’art. On a eu recours à une paire de ciseaux pour déchirer mon vêtement. C’est l’un des plus douloureux souvenirs de ma carrière, car on m’a battu sans que je puisse me défendre», estime ce dernier. Khadim Ndiaye ne croyait si bien dire.
En effet, un proche du marabout de l’époque de Yékini qui habite à Mbour, a affirmé que le drame a pu être évité suite à une expérience préalable sur une chèvre. Son ventre a tellement enflé à la suite du «sekki», qu’il n’a pas tenu. Il a explosé comme une bonbonne de gaz dans la chambre expérimentale, l’éclaboussant d’excréments et de sang. Après un «réglage» mystique, l’opération «sekki» pouvait être lancée et le «Boucher de Thiaroye» en a fait les frais.
Equipe nationale (1997 -2001)
1997 : Début en équipe nationale et capitaine de 1999 à 2001
1998 : Deux médailles d’or (en individuel de plus de 100 kg et par équipe) au championnat d’Afrique de Cotonou
1999 : Une médaille d’or en individuel et médaille d’argent par équipe au Championnat d’Afrique de Ouagadougou (Burkina Faso). Médaillé d’argent aux Jeux africains de Johannesburg (Afrique du Sud), en lutte libre en catégorie de plus de 130 kg
2000 : Médaille d’or en individuel et par équipe, meilleur lutteur du tournoi lors des Championnats d’Afrique de Niamey (Niger).
2001 : Deux médailles d’or et trophée du meilleur lutteur au tournoi de lutte traditionnelle de la CEDEAO de Niamey (Niger). Fin de carrière en équipe nationale
– Lutte avec frappe :
1997 : Début en lutte avec frappe
10 août 1997 : Victoire sur Kadd Gui
23 Novembre 1997 : Victoire sur Modou Pouye N°2
1er mars 1998 : Victoire sur Pape Cissé
28 novembre 1998 : Victoire sur Mor Nguer
29 mai 1999 : Victoire sur Mohamed Ali
29 octobre 2000 : 1ère victoire sur Bombardier
22 avril 2001: 1ère victoire sur Khadim Ndiaye
24 mai 2001 : Victoire sur Baye Fall
1er janvier 2002 : 1ère victoire sur Balla Bèye N°2
8 juin 2003 : Victoire sur Mor Fadam
15 août 2003 : Victoire sur Lac de Guiers
28 mars 2004 : 2ème victoire sur Bombardier
14 mai 2005 : 2ème victoire sur Khadim Ndiaye
1er janvier 2006 : 1ère victoire sur Mohamed Ndao «Tyson»
3 juillet 2006 : Match nul devant Moustapha Guèye
10 juin 2007 : 2ème victoire sur Balla Bèye N°2
23 juillet 2008 : 3ème victoire sur Balla Bèye N°2
26 juillet 2009 : Victoire sur Gris Bordeaux
7 avril 2010 : 2ème victoire sur Mohamed Ndao Tyson
2 janvier 2011 : 3ème victoire sur Bombardier
22 avril 2012 : Défaite devant Balla Gaye N°2
24 juillet 2016 : Défaite devant Lac de Guiers 2
A ce jour, Yékini a disputé 22 combats pour 19 victoires, 01 match nul et 02 défaites
Distinctions nationales
Quatre fois Ngeemb d’Or de lutte avec frappe décerné par le jury du Lion d’Or
Une fois Lion d’Or décerné au meilleur sportif sénégalais de l’année. Ce titre fut pour la première et la seule fois encore décerné à un lutteur.
2008 : Trophée de la fondation Abdou Diouf Sport Vertu
2009 : Meilleur lutteur avec frappe décerné par l’Anps (Association nationale de la presse sénégalaise)