L’architecture politique commence à se modifier à quelques encablures des élections locales de janvier 2022. La grande coalition de l’opposition qui animait depuis quelques temps tous les débats politiques a été mise sur pied ce jeudi, mais sans la participation d’un parti historique comme le PDS qui s’est retiré prétextant quelques irrégularités dans la démarche. D’ailleurs, le Parti démocratique sénégalais ainsi que d’autres libéraux ne passeront pas par mille chemins pour donner leur position sur la participation à cette coalition. Une posture qui n’étonnera pas certains analystes politiques qui donnent leur lecture sur les enjeux politiques, les atouts et faiblesses face à la mouvance qui dicte « sa loi » depuis 2012.
Pour mieux engager les échéances locales et départementales, l’opposition a jugé nécessaire de s’unir aux fins de faire face à la coalition Benno Bokk Yaakar et en toute évidence, au régime de Macky Sall. Cette nouvelle collaboration politique, selon notre interlocuteur Mamadou Albert Sy, s’est dessinée à travers le commun vouloir d’une reconstruction autour de l’opposition.
En réalité, l’analyste politique rappelle que c’est un prolongement des résultats obtenus en 2019. « L’enjeu, c’est le prolongement de la bataille de 2019. Il ne faut pas oublier que le président Macky Sall a perdu 48% des électeurs ».
En termes clairs, les différentes représentations dans cette coalition, notamment le Pastef, le Pur et Taxawu Dakar (même si le dernier cité n’a pas pris part à la dernière présidentielle à cause de problèmes judiciaires), œuvrent pour pérenniser les acquis qui peuvent être en leur faveur.
Même si Idrissa Seck avait finalement rejoint la coalition Benno Bokk Yakaar, force est de reconnaître, selon Mamadou Sy Albert, que Khalifa Sall est dans la dynamique de travailler pour rechercher les frustrés de Rewmi et les engager dans un bloc faisant face au régime Macky Sall.
« La coalition est sincère. Ils savent qu’ils ne peuvent pas inquiéter ce Benno en partant chacun de son côté. Ils sont bien conscients des risques. Ils n’ont donc pas intérêt d’aller dans une coalition sans cette sincérité. S’ils sont divisés, c’est la meilleure façon de se faire éliminer du jeu politique », explique l’analyste politique qui est rejoint dans cette idée par le journaliste, Ibrahima Bakhoum. Pour ce dernier, « il faut additionner plutôt que de soustraire. Cependant, « il faut reconnaître que certaines têtes de la coalition ont une bonne représentativité comme d’autres aussi restent peu connus ».
Par ailleurs, le journaliste-formateur estime que la coalition peut bien faire mal. L’expérience des locales de 2009 sont un exemple parfait pour faire savoir que « ces locales de 2022 peuvent bien être déterminantes pour la présidentielle de 2024 », précisant au passage, que cette stratégie de coalitions distinctes, peut bien être aussi, fatale à la mouvance.
Concernant les libéraux, il faut se rappeler que le faux pas a été noté depuis leur hésitation à participer à la dernière présidentielle. Le PDS n’a, en effet, pas donné de consigne clair sur son candidat en 2019. Il est tantôt dans l’esprit d’ouverture, tantôt dans l’opposition. Selon Mamadou Albert Sy, « le PDS, en tant que parti fondateur du libéralisme social, ne souhaiterait pas qu’un socialiste ou un membre de la mouvance de Ousmane Sonko arrive au pouvoir. Parce que tout simplement, la famille libérale est représentée par Macky Sall. C’est une continuité du libéralisme. La ressemblance idéologique est plus ou moins établie entre le PDS et Macky Sall.
La grande question est de savoir dès lors, quel est l’interêt des libéraux qui veulent se mettre à l’écart de cette grande coalition de l’opposition?
C’est ce que tente de clarifier Cheikh Bakhoum en estimant que : « le calcul du PDS est très simple. Si cela continue à ce rythme, Ousmane Sonko se retrouve d’être le candidat naturel, normal pour la présidentielle prochaine, cela risque de mettre en péril les efforts du PDS sauvegardés par le Pape du Sopi depuis toutes ces années d’existence ».
Une remobilisation de l’opposition qui suscite certaines quelques inquiétudes selon nos deux interlocuteurs. « Le Benno n’est pas dans un état psychologique stable. Il y’a à la fois un choc d’ambitions et un psychose du troisième mandat qui agite la coalition.
Toutefois, l’opposition devra faire face à une force de l’unité de la mouvance présidentielle et de sa maîtrise du processus électoral », nous signifiera Mamadou Albert Sy même si, une campagne de déstabilisation de toutes ces initiatives de l’opposition menée par le pouvoir est présagée par Cheikh Bakhoum qui rappelle également que le président qui a les moyens, le pouvoir et l’influence reste celui qui est à la tête du régime.