Le photographe sénégalais Omar Victor Diop expose ses photographies à la galerie « Le Manège » de l’Institut français de Dakar, en mémoire d’illustres personnalités noires de renommée internationale, a constaté l’APS, mercredi. Le vernissage de l’exposition intitulée « Saaraba » est prévue jeudi, à la galerie « Le Manège ». Diop expose une série de 30 photographies réalisée en 2014.
L’exposition marque le retour du photographe dans son pays natal, après une série d’expositions pour lesquelles il a séjourné en Europe, aux Etats-Unis et en Asie. A Dakar, Omar Victor Diop expose deux séries de photographies intitulées « Diaspora » et « Liberty ». Il présente la première comme la « mémoire de l’homme noir hors d’Afrique, du 15e au 19e siècles », la seconde étant « une chronologie universelle de la protestation noire ». « Le Manège est, avec cette exposition, un lieu de commémoration, un lieu de concorde. Mon intention, derrière chacun de ces portraits, est d’inciter au recueillement, à la célébration d’une mémoire (…) de l’humanité », a expliqué le photographe lors d’une conférence de presse. Il est « très important de décloisonner l’histoire », a-t-il dit, ajoutant : « L’histoire est un patrimoine à partager, et il y a de la place pour tout le monde. » Omar Victor Diop dit vouloir incarner, à travers ses photographies sur lesquelles il se met lui-même en scène, « la mémoire de tous ces gens (…) avec lesquels [il a] une histoire commune ».
Il s’agit des tirailleurs massacrés au camp militaire de Thiaroye en 1944, des cheminots de la ligne ferroviaire Dakar-Niger (1938-1947), des militants antiapartheid révoltés en 1976 à Soweto (Afrique) et du Black Panther Party, un mouvement de protestation sociale et politique des Etats-Unis, des résistantes de l’ethnie igbo, dans le sud-est du Nigeria.
Ces dernières se révoltèrent contre la colonisation britannique. Diop évoque aussi, par ses photographies, le souvenir des Nègres marrons de la Jamaïque, ces esclaves fugitifs du 18e siècle, qui ont échappé à leurs maîtres pour aller vivre en liberté. Il rend hommage aussi à des figures telles que Aline Sitoë Diatta, la « Reine de Kabrousse », héroïne sénégalaise de la résistance à la colonisation française, déportée par les colons au Mali où elle mourut en 1944.
Trayvon Benjamin Martin, un jeune Américain assassiné en 2012 quand il est parti acheter des bonbons, Pedro Camejo, un soldat noir vénézuélien actif dans la lutte pour l’indépendance de son pays, figurent dans les photographies exposées par Omar Victor Diop. « Il est important que ces séries soient montrées ici parce que l’artiste (Diop) n’a jamais quitté le Sénégal où il vit et travaille », a souligné Olivia Marsaud, qui fait partie des commissaires de l’exposition. « Le travail d’Omar Victor Diop met en avant les portraits d’Africains illustres, avec des destins et des parcours exceptionnels entre le 15e et le 17e siècles, que l’on ne rencontre pas assez souvent dans les livres d’histoire », a-t-elle dit. Les séries photographiques de Diop « traversent les âges et la géographie », a expliqué Olivia Marsaud, également directrice de la galerie « Le Manège ». L’exposition « Saaraba » se poursuivra jusqu’au 14 novembre prochain, selon ses organisateurs.