Au Sénégal, comme un peu partout dans le monde, tous les moyens de la médecine moderne sont définitivement mobilisés afin de venir à bout de l’ennemi mondial numéro un, le COVID 19.
En si peu de temps, cette maladie aura ravi la vedette à tout autre motif de consultation sanitaire. Ainsi, au fur et à mesure que se déploient sur les théâtres d’opération toutes les armées sanitaires de la planète, se développe au même moment chez les populations une autre maladie encore plus féroce et plus ravageuse.
Mais, cette lutte acharnée des Etats du monde entier contre le Coronavirus cache mal l’ampleur des dégâts causés par un tout autre virus lié à une consommation excessive de fausses informations : l’ «infodémie ».
Alors que certains Sénégalais conscients de la gravité de la situation se battent pour intégrer dans leur quotidien le strict respect des gestes préventifs et des mesures édictées par le Président Macky SALL et son gouvernement, d’autres se font le métier, souvent à contre-courant, de déconstruire les lignes de sensibilisation en s’attaquant aux fondement même des stratégies de campagne nationale de lutte.
Cette gigantesque œuvre de sabotage et de piétinement des efforts collectifs et individuels se fait à coup d’infox, de désinformations voire de déstructuration du discours officiel d’espoir et de solidarité pour la lutte contre le Coronavirus.
Ainsi, des flots interminables de fausses informations inondent les plages de la République, donnant naissance à une pandémie sournoise qui tente de parasiter le COVID 19.
Cet autre virus est étrangement semblable à son clone que le brillant Mahmoudou WANE a dénommé « le Covid M ou le virus de la malveillance », mais en plus virulent car l’ « infodémie » n’est pas qu’un déluge de mensonges. Il s’agit d’un mouvement mondial de conspiration et d’anéantissement de l’humain dans toute sa splendeur.
Cet autre virus attaque l’esprit et l’emprisonne, en lui ôtant toute capacité à distinguer la fiction de la réalité. Des personnes créent des histoires aussi insensées que ridicules cherchant frénétiquement à discréditer l’idée même de l’existence du virus SARS-CoV-2. Des interventions sur des plateaux de télévision de femmes ou d’hommes bien formés qui se positionnent en faux par rapport au discours médical officiel, et qui développent d’autres théories frisant le complot d’État et la trahison nationale, en constituent de belles illustrations. Ici, on défie la médecine quant à la réalité du virus, là on s’attaque à la pertinence de certaines mesures préventives, et ailleurs, on ose faire parallèlement l’apologie et la promotion des « cas communautaires ».
Dans d’autres cas, le génie théâtral et poétique sénégalais est mis à contribution pour installer dans une banalisation excessive le virus venu de Wuhan.
Ce phénomène dont la sève nourricière est constituée principalement de rumeurs, de fausses informations se manifeste par cette maladie qui avance au rythme du Coronavirus et qu’António Guterres a appelé l’«infodémie de désinformation ».
Comme nous l’avons tous constaté, les rumeurs et les fake news se propagent comme une traînée de poudre, plus vite et plus facilement que n’importe quel virus.
Les tenants de cette ligne destructrice s’appuient sur le manque de stabilité des informations sur le Coronavirus et la fluctuation assez rapide des données le concernant.
La réussite de cette entreprise gigantesque d’exploitation démoniaque et finassière de la crise sanitaire, facilitée par le tout numérique est souvent l’œuvre de « cyberdélinquants » à la solde de grandes firmes. D’où la question historique : à qui profite l’infodémie actuelle qui menace les fondements de l’humanité ?
L’ « infodémie » se présente comme la toute nouvelle pandémie, fille du Coronavirus. Elle est mortelle. Aussi dangereusement multiforme et plus rapide. Sa capacité de mutation mais aussi d’adaptation aux crises de nature diverse et variée lui assure une existence quasi éviternelle, c’est-à-dire qu’elle peut connaître un début, mais que sa fin n’est pas envisageable.
Tant qu’à faire, les Sénégalais savent bien le faire. Ils faisaient bien avec, avant que l’« infodémie » n’arrive au stade de pandémie. Aujourd’hui, l’élément aggravant de cette maladie est la prolifération des réseaux sociaux, puis que des théories les plus absurdes y sont élevées au rang et à la dignité de savoirs véritables. C’est ce qui veut dire également qu’elle a de beaux jours devant elle, car internet et ses réseaux sociaux poursuivront parallèlement leur développement à une vitesse vertigineuse.
Désormais, nous pouvons dire sans risque de nous tromper que le Sénégal, sans grands moyens de « cyberdéfense », s’est coltiné un fléau qui restera incurable pendant de très longues décennies. C’est une maladie opportuniste capable de prospérer avec n’importe quelle matière.
Cette nouvelle pandémie continuera de sévir dans notre pays tant qu’on n’aura pas les moyens techniques et financiers de contrecarrer les infox et intox sur les supports et outils de communication massive.
Et comme nous l’avions annoncé dans un texte précédent, c’est devenu « une exigence de gouvernance pour tout Etat sérieux de constituer ses équipes de blogueurs, de youtubeurs, d’experts en logiciel capables de rédiger n’importe quelle ligne de codes, et de « white hats » ou chapeaux blancs, ces hackeurs qui ont pris l’option d’accompagnement des « gentils » et combattant à tout prix, les « mauvais ».
Mais malheureusement, le constat dans ce nouveau contexte est que, « le tout numérique » ne favorise que les idées reçues et le sens commun, et semble être un ennemi des pouvoirs publics.
Comme beaucoup, nous le pensons aussi, le plus grave problème qui traverse le Sénégal n’est pas le virus SARS-CoV-2 en tant que tel. Lorsque les fausses informations, les rumeurs, la peur croisent l’indiscipline et l’intolérance cela donnent toujours des effets destructeurs irréparables à court terme. Or, la machine de l’«infodémie » est toujours là prête à instiller de fausses informations quelques fois tellement proche de la réalité qu’on s’y trompe facilement.
Toutefois, eu égard aux moyens et peines déployés pour produire et colporter autant de fausses nouvelles sur la situation du Covid 19, tout porte à croire que les intérêts financiers en jeu sont si colossaux qu’ils peuvent nous embrouiller et nous entraîner, malgré nous, vers une conception marchande insoupçonnée de la Santé.
Quoi qu’il en soit, ne perdons pas la suite de nos idées, la riposte doit être à la mesure de la dangerosité de l’«infodémie ». Se battre pour séparer la vérité du mensonge, voilà le remède !
lamineaysa@gmail.com