Le Sénégal et la Suisse ont signé mardi à Dakar un accord portant sur le renforcement de leur coopération à travers des projets d’adaptation et de résilience face au changement climatique, dans le cadre global de la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le réchauffement climatique, entré en vigueur en novembre 2016.
Cet accord a été paraphé par le ministre sénégalais de l’Environnement et du Développement durable Abdou Karim Sall et son homologue Simonetta Sommaruga, conseillère fédérale suisse, cheffe du département de l’Environnement, du Transport, de l’Energie et de la Communication, en marge d’une visite de travail de cette dernière. « La mise en œuvre de cet accord que nous voulons dynamique, efficace et exemplaire à tout point de vue, pourrait s’adosser au portefeuille de projets déjà existants dans divers domaines de l’économie et enregistré sous le mécanisme de développement propre (MDP), impliquant le secteur privé national », a expliqué Abdou Karim Sall.
Abdou Karim Sall a souligné « l’excellente qualité » des relations bilatérales entre les deux pays, ainsi que le « leadership incontestable de la Suisse dans la prise en charge de l’urgence climatique qui nous préoccupe nous tous ». Il assure que le gouvernement sénégalais « ne ménagera aucun effort pour le respect de cet accord qui inspirera tous les autres pays parties de l’Accord de Paris, pour sa mise en œuvre effective, au grand bénéfice de notre planète ». Selon le ministre sénégalais, cet accord vise le renforcement de « la riposte mondiale à la menace que constituent les changements climatiques ».
Dans ce cadre, son ambition est de contribuer à contenir l’élévation de la température moyenne de la planète « nettement en-dessous de 2°C par rapport au niveau préindustriel et si possible à 1,5°C ». « L’atteinte des objectifs nécessite un renforcement des capacités d’adaptation et de résilience des communautés ainsi qu’un flux financier compatible avec les besoins d’un développement à faible émission de gaz à effet de serre », a dit M. Sall. Il note à ce sujet que les négociations internationales en cours et le partenariat adopté pour rétablir les règles et procédures sur lesquels portent cet accord bilatéral, offre à la Suisse et au Sénégal « l’opportunité de mettre en œuvre des initiatives pilotes, afin de parvenir à des résultats d’atténuation tangibles et transférables ». Il en est de même, dit-il, du renforcement de ces actions d’envergure à travers le partenariat public-privé qui « trouve fort heureusement, un contexte favorable, avec la mise en œuvre des dispositions de l’article 6 de l’Accord de Paris, promouvant un marché du carbone ouvert et attractif ». Abdou Karim Sall a évoqué « un défi majeur de la communauté internationale relatif à la mobilisation des moyens pour la mise en œuvre » de ce point de l’Accord de Paris.
La finance islamique constitue à cet effet « une clé de voûte de la coopération sur le climat, depuis l’entrée en vigueur du protocole de Kyoto », a relevé le ministre sénégalais de l’Environnement et du Développement durable. « Cette préoccupation devrait simplifier dans la perspective de la COP 26 de Glasgow particulièrement, sous l’effet de l’article 6 de l’Accord de Paris, ces mécanismes d’exécution », à savoir les approches coopératives, les mécanismes pour l’atténuation et le développement durable et les approches non fondées sur le marché, a détaillé Abdou Karim Sall. De cette manière, « des progrès substantiels » pourront être accomplis pour la réalisation des CDN, dans le respect des principes d’intégrité environnementale et de transparence ».
Les contributions déterminées au niveau national (CDN) sont des plans climatiques nationaux qui mettent l’accent sur les actions climatiques, avec les objectifs, les politiques et les mesures que les gouvernements prévoient de mettre en œuvre pour répondre au changement climatique, en vue de contribuer à l’action climatique mondiale. Le Sénégal, pays sahélien, se trouve « rudement affecté par le réchauffement climatique qui a des impacts négatifs sur les secteurs clés de l’économie nationale tels que l’agriculture, les ressources en eau, les infrastructures, les zones côtières, la santé et le tourisme », a-t-il rappelé. Au regard de ces enjeux, la phase 2 du Plan Sénégal émergent (PSE), réserve une place de choix à la question de l’environnement, à travers l’opérationnalisation du PSE vert, initié par le chef de l’Etat Macky Sall, a-t-il précisé. Dans le secteur de l’énergie, le mix énergétique, à travers le déploiement de stations solaires et de parcs éoliens, a permis au Sénégal d’atteindre un taux de couverture de près de 20% de la capacité installée à l’énergie renouvelable en 2020, affirme Abdou Karim Sall. A cela s’ajoute selon lui la mise en service du « plus grand parc éolien » en Afrique de l’Ouest, avec une puissance installée de 150 mégawatts.
Cette politique de mix énergétique, « pilier essentiel » de la contribution déterminée au niveau national (CDN) du Sénégal, « sera renforcée par des options d’efficacité énergétique dans le bâtiment, le transport et les équipements », parmi d’autres secteurs, a assuré Abdou Karim Sall. A l’en croire, le Sénégal s’est engagé, en parallèle, « dans une politique ambitieuse de reforestation du territoire national, de réalisation de l’initiative panafricaine de la grande muraille verte, de gestion durable des terres, de conservation de la biodiversité et de préservation des écosystèmes contre le péril plastique ».