Le président américain Joe Biden a rencontré son homologue angolais Joao Lourenço mardi, à l’occasion de sa visite dans ce pays d’Afrique australe axée sur un grand projet d’infrastructure qui vise à affirmer les ambitions de Washington face à la Chine sur le continent.
Le président américain Joe Biden a rencontré son homologue angolais Joao Lourenço mardi, à l’occasion de sa visite dans ce pays d’Afrique australe axée sur un grand projet d’infrastructure qui vise à affirmer les ambitions de Washington face à la Chine sur le continent.
M. Biden cèdera le pouvoir le 20 janvier à Donald Trump, dont l’ombre plane sur cette visite même si le prochain président américain n’a pas été évoqué explicitement par les deux chefs d’Etat.
Leur conversation « chaleureuse » a balayé plusieurs sujets de politique étrangère, selon un haut responsable américain présent, notamment le rôle de médiateur de M. Lourenço dans le conflit armé de l’est de la République démocratique du Congo.
Ils ont longuement évoqué le « couloir de Lobito », gigantesque projet de voie ferrée qui est l’investissement, « massif et très ambitieux », emblématique de la présidence Biden en Afrique.
Mais aussi de questions de gouvernance et de la « fragilité » de la démocratie, qui « nécessite un travail constant ».
Deux jours fériés ont été décrétés en Angola. Et au passage du convoi américain dans les rues vides de Luanda, encadrées de policiers et de soldats, nombre de riverains étaient perchés à leurs fenêtres et balcons pour saluer cette visite historique de deux jours, la première d’un chef d’Etat américain dans le pays.
En fin de journée, Joe Biden doit prononcer un discours au Musée national de l’esclavage, qu’il a qualifié de « péché originel des Etats-Unis », dans la capitale de l’ancienne colonie portugaise qui borde l’Atlantique.
© AFPJoe Biden accueilli par le président angolais Joao Lourenço à Luanda, le 3 décembre 2024 |
Au XIXe siècle, l’Angola a fourni un grand nombre d’esclaves dans la traite en direction des Amériques.
Lundi soir, Joe Biden a brièvement rencontré Wanda Tucker, descendante du premier enfant esclave né aux Etats-Unis, dont les parents, transportés en Virginie en 1619, étaient originaires d’Angola.
Voie ferrée ambitieuse
Mercredi, Joe Biden doit se rendre à Lobito, à quelque 500 km au sud de Luanda. Il y rencontrera les dirigeants des pays concernés par ce fameux « couloir » destiné à acheminer vers la ville portuaire des matières premières stratégiques telles que le cuivre et le cobalt.
A savoir, outre l’Angola, la République démocratique du Congo, la Zambie et la Tanzanie, selon la Maison Blanche.
Ce chantier est « une vraie révolution pour l’engagement des Etats-Unis en Afrique », a assuré John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.
« Nous avons l’espoir fervent que la future équipe (…) comprendra comment cela contribuera à plus de sécurité, de prospérité et de stabilité économique pour le continent », a-t-il ajouté.
Le « couloir de Lobito », soutenu aussi par l’Union européenne, est conçu comme une vitrine des ambitions américaines en Afrique, relativement négligée ces dernières années par la première puissance mondiale, alors que la Chine y investit très lourdement.
« Nous ne demandons pas aux pays de choisir entre les Etats-Unis et la Chine ou la Russie. Nous cherchons simplement des projets d’investissements fiables » pour l’Afrique, « parce que trop de pays se sont fiés à des investissements irréguliers, et se retrouvent désormais ravagés par les dettes », a-t-il ajouté, dans une allusion transparente à Pékin.
L’Angola est endetté à hauteur de 17 milliards de dollars auprès de la Chine, soit 40% du total de sa dette.
Le voyage est le premier du genre d’un président américain sur le continent depuis 2015. Il intervient toutefois à un moment où Joe Biden n’a plus guère de poids politique.
Il a été initialement et en partie éclipsé par la grâce présidentielle tout juste accordée par le démocrate de 82 ans à son fils Hunter.
Interrogé à ce sujet, au moins à deux reprises par les journalistes à Luanda mardi, Joe Biden n’a pas répondu.
Il s’agit d’une volte-face spectaculaire pour le président sortant, qui avait assuré qu’il laisserait la justice suivre son cours concernant son cadet, cible privilégiée de ses adversaires trumpistes, jugé pour détention illégale d’arme à feu et fraude fiscale.