Dans son adresse du lundi 11 mai 2020, le président de la république, M. Macky Sall a annoncé des mesures d’assouplissement des restrictions relatives à la gestion du Covid-19.
C’est ainsi que le discours du chef de l’État a été marqué par des annonces fortes répondant à des demandes sociales et populaires pressantes, dont notamment l’autorisation à rapatrier les corps des Sénégalais de la diaspora victimes du Coronavirus et la réouverture des lieux de culte.
Cette dernière mesure est assorties de conditions précises portant sur le respect strict des gestes-barrières et des règles d’hygiène et de propreté édictées.
Des commentateurs mal inspirés ou mal intentionnés ont essayé d’entretenir une certaine polémique autour de la perception que les uns et les autres se font de ces décisions.
La confusion vient du fait que la décision du chef de l’État, n’est pas une obligation d’ouverture, mais plutôt une autorisation à ouvrir (la nuance est d’une importance capitale).
Le président Macky Sall n’oblige personne à ouvrir son lieu de culte, mais autorise l’ouverture à quiconque en remplirait les conditions.
C’est ainsi que Mgr André Guèye, évêque de Thiès, a publié aussitôt après le discours du chef de l’État, un communiqué pour dire qu’il « prend acte de la mesure présidentielle », tout en demandant aux fidèles catholiques « de rester à l’écoute du clergé pour la reprise des messes publiques ».
En clair, la communauté chrétienne continuera à observer la suspension des messes publiques, en attendant de nouvelles décisions venant des autorités écclésiastiques.
Du côté de Tivaouane, le Khalife général Serigne Ababacar Sy Mansour a pris la même décision par rapport aux mosquées sous son contrôle.
L’Association des Oulémas du Sénégal et la grande Mosquée de Dakar ont également pris une décision similaire…
Il importe cependant, de faire observer que ces décisions ne sont pas contradictoires avec la mesure présidentielle, qui préconise une « ouverture, sous certaines conditions ».
Dès lors, quiconque ne se sent pas prêt, n’est guère obligé de procéder à l’ouverture de son église ou de sa mosquée.
En revanche, la communauté mouride et beaucoup d’autres groupements islamiques ont déjà tenu des séances de concertations, quelques fois avec les Autorités compétentes, pour arrêter, d’un commun accord, les mesures opérationnelles permettant de mettre en œuvre les nouvelles dispositions, nées du discours du président Sall.
Hier, vendredi, la prière collective s’est bien déroulée dans plusieurs mosquées du pays notamment à Touba et à Massâlikoul Jinâne, cette merveille architecturale et religieuse de l’Afrique de l’Ouest.
Cependant, ces prises de position, apparemment contradictoires, sont toutes, en nette conformité avec la décision présidentielle, ce qui prouve que le président de la république a ainsi apporté des réponses pertinentes aux attentes des Sénégalais, dans leur diversité.
Sur un autre plan, nous constatons que la tendance dans le monde, en matière de gestion du Coronavirus, est à l’assouplissement, depuis début mai, compte tenu du double impact socio-économique de la pandémie.
C’est ainsi que l’Allemagne, la France, l’Arabie Saoudite, la Suisse, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, etc., ont assoupli leurs mesures de confinement ou de couvre-feu, au moment où chacun de ces pays enregistrait des centaines, voire des milliers de morts du Covid-19 par jour.
Pour sa part, l’opposition politique sénégalaise a tenté, de manière maladroite et opportuniste, de sauter sur l’occasion pour ramer, une fois de plus, à contre courant.
Non seulement, leurs argumentaires manquaient de pertinence, mais ils étaient surtout inopportuns et anachroniques, d’autant qu’au plus fort de la pandémie, ils avaient tous déserté le front de résistance aux attaques féroces du Covid-19.
Un parent paysan m’a fait la réflexion suivante : » Si on était en période électorale, tu verrais chaque leader politique, se rendre sur le terrain auprès des militants et leur apporter nourriture, masques et gels hydroalcooliques. Maintenant que les élections ne sont pas à l’ordre du jour, ils se terrent dans leurs gîtes.
Pour dire, que la victoire électorale est autrement beaucoup plus importante pour nos politiciens, que la survie de leurs militants » !
En suivant le débat politicien et électoraliste des leaders de l’opposition, on a l’impression qu’ils ne compatissent pas aux souffrances des populations qui se battent, seules avec l’État, contre l’ennemi invisible du Coronavirus.
Mamadou Bamba Ndiaye
Ancien ministre des Affaires religieuses