Sierra Leone: des centaines de morts dans des coulées de boues à Freetown
Plusieurs centaines de personnes ont sans doute péri dans une gigantesque coulée de boue qui a touché la banlieue de Freetown ce lundi 14 août en début de matinée. Le dernier bilan – encore provisoire- fait état de 312 morts. Les secours sont sur place et tentent d’évacuer les survivants dans des conditions difficiles.
Les images sont terribles. Des torrents boueux qui dévalent des collines dans les quartiers aux maisons aux toits de tôle, des rescapés qui progressent péniblement avec de l’eau jusqu’à hauteur d’épaule, d’autres qui portent à bout de bras le corps de leurs proches, c’est un spectacle d’apocalypse qui règne depuis l’aube à Freetown.
Le bilan humain ne cesse de s’alourdir. Le dernier bilan de la Croix-Rouge locale, réactualisé à 15h TU, avance un bilan de 312 morts.
Particulièrement touchée, la localité de Regent, qui se trouve sur les hauteurs de Freetown, la capitale du pays. La commune est située à flanc de montagne, que la pluie a littéralement lessivé. Aux premières heures de la matinée, après une nuit de pluies torrentielles, la colline qui le surplombait s’est effondrée, balayant des dizaines de maisons, dont les habitants dormaient encore.
Des cascades de boue
Les vidéos que des témoins ont postées sur les réseaux sociaux sont impressionnantes. Des cascades de boue dévalent les rues, entre les maisons de tôle qui ne résistent pas longtemps à la pression. La plupart de ces habitats précaires ont été construits sans permis.
Les secours ont tenté de boucler la zone et d’évacuer les survivants. Mais ils évoluent dans ce qui ressemble maintenant à un lac. Ils sont débordés. « La catastrophe est si grave que je me sens brisé », lâche Victor Foh, le vice-président de la Croix-Rouge Sierra Leone qui s’est rendu sur place, dans la localité de Regent, où il rapporte que des centaines de corps gisent encore sous les débris. Et ce soir, les morgues des plus grands hôpitaux sont pleines.
« Pour l’instant, la Croix-Rouge du Sierra Leone a déployé 60 volontaires sur place en trois équipes d’intervention d’urgence et de premiers secours qui sont en train de faire de la recherche, précise Patricia Escolano Guiote, chef de délégation du Comité international de la Croix-Rouge en Guinée et en Sierra Leone. Car pour l’instant, on est dans l’urgence. Il y a encore beaucoup de corps dans la boue. Ces volontaires font aussi le sauvetage et l’évacuation, donc on a onze véhicules déployés. »
Conséquence du changement climatique
« Le nombre de morts ne fait qu’augmenter. Nous recevons de nouvelles informations régulièrement, mais plusieurs centaines de personnes sont vraisemblablement mortes », explique pour sa part Alfred Formah, directeur exécutif de l’ONG Society for Climate change (S4CC), joint par RFI. « Nous sommes vraiment débordés en ce moment. C’est une vraie catastrophe, vraiment », lâche-t-il.
Le porte-parole de S4CC assure que « le gouvernement fait de son mieux pour s’assurer que toutes ces personnes soient secourues », mais la pluie n’a pas cessé de tomber sur Freetown, ce qui rend les opérations de sauvetage compliquées.
« Les gens ne sont pas habitués à ce type de météo, même si cela s’est produit l’année dernière également. Ils se sentent en difficulté maintenant, ils ont l’air vraiment paniqués », souligne Alfred Formah, qui rappelle que « la Sierra Leone est le pays le plus durement touché par les changements climatiques et le plus affaibli par cela, derrière le Bangladesh et la Guinée-Bissau ».