La situation politique et sécuritaire de la région était au menu de la 51ème session du Conseil de Médiation et de sécurité de la Cedeao qui s’est tenue, mercredi 6 décembre, à Abuja. Il a été notamment question du suivi des transitions politiques au Burkina, au Mali, en Guinée, mais aussi des récents développements politiques et sécuritaires en Sierra Léone et en Guinée Bissau et du processus électoral au Ghana et au Sénégal en particulier.
Les Ministres des affaires étrangères des pays de la Cedeao composant le Conseil de médiation et de sécurité de l’espace sous-régional, avaient assurément beaucoup de dossiers à examiner sur la table de leur 51ème session, mercredi dernier à Abidjan. Tous étant liés à la situation politique et sécuritaire de la région. Présidés par Yusuf Maitama Tuggar, Ministre des Affaires étrangères de la République Fédérale du Nigéria, les travaux de la rencontre ont notamment porté sur les récents développements aux niveaux politique et sécuritaire dans les États de la région, la situation politique et sécuritaire au Niger, les processus de transition (Mali, Burkina Faso, République de Guinée), la situation humanitaire et le dispositif régional d’alerte précoce pour la sécurité humaine.
Le premier point qui fut débattu est relatif à la situation politique régionale, notamment les élections qui se sont déroulées dans les différents pays de la région (en Côte d’Ivoire, au Nigéria, en Sierra Léone et au Libéria), comme de celles à venir (Ghana, Sénégal). Présent à cette réunion, le Pr Ismaïla Madior Fall a apporté quelques réponses relativement au remplacement des membres de la Cena qu’une partie de l’opposition sénégalaise avait dénoncé. Le Ministre de Affaires étrangères a rappelé qu’il s’agissait d’un acte légal et ne violait aucune disposition communautaire, pris par l’Autorité compétente, le mandat desdits membres ayant expiré. Par ailleurs, le Pr Fall a rassuré le Comité sur le bon déroulement du processus électoral et de la tenue de l’élection à la date fixée. D’ailleurs, leur a-t-il signifié, une mission d’information préélectorale s’est déroulée fin novembre 2023 au Sénégal et a pu faire le constat du déroulement normal du processus dans sa phase actuelle de collecte des parrainages par les différentes parties concernées.
La situation en Sierra Léone et en Guinée Bissau inquiète
Sur le plan sécuritaire, le cas de la Sierra Léone, où il y aurait eu, selon le gouvernement de ce pays, une tentative de coup d’État le 26 novembre 2023, a particulièrement retenu l’attention du Conseil qui a préconisé l’envoi d’une mission de stabilisation de la Cedeao, à l’image de celles en cours Gambie et en Guinée Bissau. Pour ce qui est des événements qui se sont déroulés en Guinée Bissau le 1er décembre 2023 et en vue de soutenir le processus de stabilisation, le Conseil a prévu le déploiement d’une mission de haut niveau dans le pays, en vue d’échanger avec le Président de la République et les acteurs clés sur le rétablissement de l’Assemblée nationale du Peuple.
Concernant la lutte contre le terrorisme, la Commission a informé du dégel du fonds régional de sécurité et de la reprise des activités de formation dans le cadre du Plan d’Action 2020-2024. Le Conseil a réitéré sa demande à la Commission de redoubler d’efforts en vue d’activer la Force en attente de la Cedeao, conformément aux instructions de la Conférence (…).
Pour ce qui est de la sécurité et de la sûreté maritime, il a été relevé une tendance à la baisse de la piraterie et des braquages dans le Golfe de Guinée, ce dont le Conseil s’est félicité en exhortant les États membres à accroître le financement des opérations et exercices maritimes conjoints dans la région. La mise en place du dispositif régional de l’alerte précoce suit son cours avec l’effectivité des Centres au niveau de neuf pays. En ce qui concerne le Sénégal, le processus suit son cours. La question de l’ancrage institutionnel a été réglée avec l’instruction donnée par le Chef de l’État de loger la structure nationale au niveau de la primature en rapport avec les Ministères concernés.
Sur la situation au Niger, le Conseil a fortement dénoncé la situation du Président Mohamed Bazoum. Il a recommandé la mise en place d’un Comité de Chefs d’État pour dialoguer avec le Cnsp et les autres parties prenantes nigériennes en vue d’élaborer une feuille de route pour une transition de courte durée. Jusqu’à l’aboutissement desdites négociations, les sanctions devraient être maintenues ainsi que l’option militaire, préconise le Conseil. Ce dernier manifeste sa préoccupation par rapport à la remise en question par les autorités malienne, burkinabé et guinéenne des chronogrammes des processus de transition convenus avec la Cedeao.
Main tendue aux juntes militaires
Face à cette situation, il a recommandé d’envoyer des missions dans ces trois pays, sous le leadership du Président Patrice Talon, du Bénin, afin de renouer le fil du dialogue pour une reprise des chronogrammes de transition.
Par ailleurs, le Conseil informe que des mesures seront prises pour débloquer l’acheminement de l’aide humanitaire au Niger prioritairement. A l’endroit des Etats soumis à des sanctions, il sera examiné un système de dérogation pour les transactions et activités humanitaires critiques. Le Conseil a aussi recommandé la désignation d’un Envoyé spécial sur la situation humanitaire dans la région avec un mandat clair. Il s’agirait, en résumé, d’une main tendue de la Cedeao aux régimes de transition mais, pour l’instant, les sanctions seraient maintenues, comme recommandé notamment par la réunion des Chefs des services de renseignement qui s’est tenue à Abuja, le 4 décembre 2023.