Aujourd’hui, dans le monde, il est presque impossible de passer une journée devant son support médiatique sans être exposé au discours anti-islamique, l’Islam étant pourtant une religion de paix et d’amour. Les lettres de noblesse de cette religion, bien que jamais plébiscitées, ont connu une campagne de dénigrement sans commune mesure.
L’Islam est associé à la terreur, mais pire, est stéréotypé, car pour certains, il est source d’effroi et de désarroi dans le monde entier. Il est important de prendre au sérieux cette perspective, car c’est un point de vue soutenu par un camp, même si les fondements d’une telle dénégation sont à revoir.
Et pourtant, l’origine de cette campagne est à rechercher bien loin dans l’histoire, dans la mesure où cela ne date pas d’hier.
Toutefois, la religion musulmane est aujourd’hui la religion qui regroupe le plus de fidèles au monde et qui connaît aussi le plus grand taux d’adhésion malgré le discrédit dont elle fait l’objet. Elle représente plus de 1.9 milliards dans le monde selon le « Word Population Review » [1]. Ce regain de notoriété trouve son explication surtout dans l’action de vaillants fidèles qui ont su relever le défi et porter haut le flambeau de l’Islam. Cette campagne qui a commencé depuis les débuts périlleux avec le prophète Mouhammad (PSL) et ses compagnons s’est prolongée dans notre époque sous diverses formes.
À l’origine, de grands marchands, de grands voyageurs, jadis protecteurs et gardiens de la Mecque, les nobles hachémites sont des descendants de Hâchim Ibn Abd Manaf de la tribu des Qurayshites. Arrière-grand-père du prophète Mouhammad (PSL), Hâchim Ibn Abd Manaf, de son vrai nom Amr Al Anhlâ, est celui qui signa le « pacte des Quraysh » dont Allah (SWT) nous fait part dans les versets 1 et 2 de la sourate 106 : « À cause du pacte des Qurayshites. De leur pacte « concernant » les voyages d’hiver et d’été ». Le sens de ce pacte signé avec les plus grands rois et dignitaires de certaines grandes villes permet la libre circulation des Qurayshites pour leur commerce, qui était une source de revenus inestimable. Grands voyageurs, ils pouvaient disposer de caravanes de plus de 2 000 chameaux pour voyager soit vers la Syrie, au nord, durant l’hiver, soit vers le Yémen, au sud, durant l’été.
Arrière-grand-père du Prophète de l’Islam (PSL), Hâchim ibn Abd Manaf porta donc en son sein la lumière prophétique qu’il transmettra ensuite à son fils Abd Al Muttalib Ibn Hâchim (ou Shayba ou Abul Hârith) qui, lui, la transmettra à son fils Abdallah ibn Abd Al Muttalib. De l’union d’Abdallah et de la plus élevée des femmes de par sa lignée, Amina, fille de Wahab, naquit le prophète Mouhammad (PSL) vers 570, à la Mecque, lui, le dernier des prophètes, l’illettré qui deviendra grand orateur, sage et philosophe, l’isolé qui deviendra grand rassembleur des Quraysh et fondateur d’une vingtaine d’empires terrestres. Lui, le plus grand conquérant d’idées sur terre avec une portée de pensées hors-norme ; lui, l’homme le plus influent de tous les temps ; lui, le plus grand homme connu sur terre de nos jours d’après les grands penseurs et les saints à travers les époques. Lui, qui installa l’Islam dans nos terres, nos cœurs, nos pensées et dans nos habitudes. Lui, qui initialement persécuté par sa propre famille, excepté les convertis, régnera avec son armée et ses idées avec tous les honneurs. Quel honneur de faire partie de sa lignée proche ou lointaine!
Les débuts de l’Islam furent sombres, voire chaotiques, à cause d’une persécution jalonnée de tortures infligées aux premiers musulmans et aux nouveaux convertis. Ces exactions étaient perpétrées par les puissantes familles de la Mecque, dont celle du prophète Mouhammad (PSL) elle-même, les Quraysh ne pouvant guère accepter cette nouvelle religion qui allait sans doute chambouler leur mode de vie et de pensée. Ainsi, les châtiments, les supplices et les humiliations de toutes sortes sur le prophète Mouhammad (PSL) et les premiers croyants devenaient de plus en plus insupportables et l’Islam enregistrait ses premiers martyrs : Soumaya, qui fut transpercée d’une lance, Yasser, qui mourut sous la torture, et bien d’autres encore. Que dire des ruses utilisées par les détracteurs de l’Islam pour convaincre Abd Al Muttalib Ibn Hâchim, grand-père du prophète Mouhammad (PSL), de leur livrer celui qui a illuminé les ténèbres?
L’échec de ces négociations envenimera considérablement la situation. En effet, les atteintes portées contre la personne du prophète Mouhammad (PSL) et ses compagnons devenaient de plus en plus virulentes (insultes, moqueries, humiliations, traîtrise, persiflages, perfidies, etc.). Que dire de ses voisins et ennemis irréductibles, Abu Lahab (oncle du prophète Mouhammad [PSL]) et sa femme, Oum Jamil (sœur d’Abu Sofiane) dont la totalité de la sourate 111 du Coran leur est destinée ? Abou Jahl, Al-Walid Ibn Al-Moughira, Obay et Oumayya Ibn Khalaf étaient également des ennemis jurés de la religion musulmane.
Mouhammad (PSL), voyant sa situation et celle des premiers musulmans se dégrader sous l’emprise des menaces incessantes des ennemis vers 615, leur demanda d’émigrer vers la terre d’Abyssinie (Éthiopie actuelle) jusqu’à ce qu’Allah (SWT) leur apporte un soulagement. Ceci constitue le premier acte migratoire dans le monde musulman. À l’époque, le roi d’Abyssinie ou An-Najashi (Négus), était un homme sage, honnête et juste avec des convictions religieuses (christianisme) très profondes. Une fois sur place, les premiers immigrés musulmans et les émissaires mecquois eurent droit à un jugement devant le Négus. Celui qui prit la parole pour les musulmans est Jafar ibn Abu Tâlib, cousin de Mouhammad (PSL), qui récita les premiers versets de la sourate 19 du Coran. À travers ces versets, Jafar ibn Abu Tâlib démontra toute leur connaissance du prophète Insa ou Jésus (HS) devant un roi ému, les larmes aux yeux. Que dire de la honte qui s’est abattue sur les émissaires mecquois quand le Négus leur fit savoir que les paroles citées par Jafar et celles qui furent révélées à Insa (HS) provenaient de la même source ? Ce fait marque le premier dialogue islamo-chrétien et la première migration des musulmans en Afrique noire.
En effet, l’Islam des premières heures marcha sur un chemin de résistance où il a fallu user de différents moyens pour se défendre, résister, conquérir, annexer et s’étendre. Ensuite, de génération en génération, des défenseurs de la cause islamique d’origines diverses se sont succédé pour pérenniser ce legs. Parmi eux, nous pouvons citer de grands érudits d’Afrique qui ont fait de la cause islamique un sacerdoce. En 2020, au moins 30 % de la population musulmane du monde résidait en Afrique [2] avec une population maghrébine presque totalement musulmane, vers une population noire africaine qui connaît des proportions islamisées graduellement du nord vers le sud. Actuellement, le Sénégal possède l’un des pourcentages les plus élevés de population musulmane en Afrique, avec un taux avoisinant 95 %.
Qu’est-ce qui peut expliquer cette forte population musulmane au Sénégal ? Les historiens évoqueront certainement la cause de l’expansion à travers les croisades pour une conversion en masse des populations, c’est-à-dire que ces peuples ont embrassé la religion musulmane par la contrainte du fait de la mouvance Almoravides. D’une part, ces historiens n’ont pas tort, car il faut reconnaître que la partie nord de l’Afrique a subi des épisodes de domination étrangère qui ont conduit à une islamisation quasi complète.
Cette islamisation est déterminante par son caractère violent et guerrier. Cela fut en effet la consigne primaire de domination, comme d’ailleurs dans presque toutes les religions révélées. C’est l’exemple des guerres de religion du XVIe siècle entre chrétiens et protestants qui ont dégénéré lors de la nuit de la Saint-Barthélemy. Mais au-delà de l’explication historique, cette popularité de l’Islam est d’autre part le fruit d’un travail de conversion et de propagande de la part de grands hommes qui ont sacrifié leur vie pour découvrir et faire découvrir le message du prophète Mouhammad (PSL).
Au Sénégal, la religion musulmane trouve son assise dans la force confrérique avec une homogénéité dans le style de croyance et de pratique religieuse. Le constat émane d’une volonté uniforme d’accéder au bien des fidèles à travers la spiritualité. Bien des hommes religieux se sont distingués, s’identifiant du coup à des confréries dont ils se feront le porte-drapeau. Loin d’ignorer le travail colossal abattu par ces hommes véridiques sur tous les plans, nous faisons un arrêt sur le soufisme dans sa simplicité et sa participation synchronique dans l’établissement d’une religion musulmane vivante, mais aussi modèle de vie et d’éducation.
Dans cette lignée spirituelle, de grands hommes aux allures et inspirations soufies se sont illustrés avec brillance. Parmi eux, nous pouvons citer El Hadji Omar Tall, Cherif Sidy Mouhammad, Maba Diakhou Ba, El Hadji Malick Sy, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, Cheikh Mouhammad Bou Kounta, Seydina Mouhammadou Limamou Laye, El Hadji Amadou Dème, Khaly Madiakhaté Kala, El Hadji Ahmadou Ndack Seck, El Hadji Abdoulaye Niass, El Hadji Ibrahima Niass, Cheikh Khaly Madiakhaté Kala, Tafsir Ahmadou Barro Ndieguene et bien d’autres illustres encore. Certains ont pris comme modèle supérieur Ousmane Dan Fodio, qui fut un rénovateur, un précurseur, un résistant, un conquérant et très certainement l’un des premiers fondateurs d’un État islamique solide en Afrique noire. D’autres se sont démarqués de cette forme ancienne de conquête (soumission par les armes) des fidèles en se basant plutôt sur le soufisme appliqué à la lettre comme voie pour propager l’Islam. Tous ces illustres avaient pour modèle le prophète Mouhammad (PSL) dont la naissance sera célébrée le 08 octobre 2022 partout dans l’univers visible et invisible.
Dr Assane Ndieguene Ibn Aziz Wahab