La lutte pour le climat est au cœur d’un sommet virtuel international organisé sur deux jours par le président américain Joe Biden, à l’occasion de la Journée de la Terre. Sur le continent africain, les signes du dérèglement se multiplient.
Les premières annonces de Joe Biden dénotent une volonté de réduire les émissions de carbone. Pour montrer l’exemple, Biden a annoncé que les États-Unis seraient prêts à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 50% d’ici 2030, soit le double par rapport à son ancien engagement. Une position qui signe le retour des États-Unis dans le combat mondial pour le climat. Mais en Afrique, l’enjeu est ailleurs…
Sur les 40 dirigeants invités à ce sommet virtuel, cinq viennent d’Afrique : les présidents de la République démocratique du Congo, du Kenya, d’Afrique du Sud, du Nigeria ou encore du Gabon. Réunis pour ce nouveau sommet « de la dernière chance », ils entendent faire peser la voix de l’Afrique.
Là-bas en effet, il s’agit déjà de s’adapter au changement climatique. Car les conséquences du réchauffement sont déjà bien visibles sur le continent : sécheresses, inondations, cyclones, et même invasions fréquentes de criquets. La vulnérabilité des pays africains aux catastrophes a été mise en exergue par la crise sanitaire, insistent les écologistes, qui appellent à une reprise économique durable.
Pour y faire face, il faudra des moyens. Un message que les dirigeants africains sont susceptibles de rappeler, tout comme les 100 milliards de dollars d’un fonds vert promis par les pays riches, mais jamais versés. Les pays d’Afrique attendent des investissements massifs dans les énergies renouvelables et les projets de reforestation, dont les montants se chiffrent en milliards de dollars.
Quels sont les défis que doit relever l’Afrique face à cette crise climatique ?
C’est important d’atténuer les effets que le changement climatique ont sur ce continent. C’est pour ça que la décision de réduire les émissions de carbone est cruciale. Mais l’adaptation au changement climatique est également importante. C’est l’un des défis majeurs pour l’Afrique.
Nous devons nous préparer à la crise qui nous attend et aussi nous affronter les événements qui se produisent déjà. Par exemple, l’invasion de criquets dans la région de l’Afrique de l’Est, ou le deuxième plus grand cyclone de l’histoire qui a ravagé le Mozambique, sans oublier les inondations dans le Sahara. Il y a beaucoup de travail pour renforcer la capacité de l’Afrique à faire face à tous ces événements. Nous savons que les pays africains et l’Afrique en général ont très peu contribué à la crise que nous traversons.
Le président kényan Uhuru Kenyatta est l’un des cinq chefs d’État africains qui participent à ce sommet virtuel. Comment jugez-vous le rôle du Kenya dans la lutte pour le climat ?
Le Kenya joue un rôle très important. Son réseau énergétique comporte plus de 80% de sources renouvelables. Mais c’est dans le domaine agricole que nous pouvons mieux faire. Il y a beaucoup de femmes qui travaillent dans ce secteur et qui dépendent de son essor. Nous devons donc commencer à tirer parti de certaines opportunités, comme l’accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine qui permettrait aux femmes et aux autres agriculteurs d’investir et de participer au commerce intra-africain. Mais nous pouvons aussi mieux faire dans la restauration des paysages et la protection des forêts et de la végétation.
Vous êtes la fille de Wangari Maathai, surnommée « la maman des arbres ». Comment poursuivez-vous son héritage ?
Je suis très inspirée par le travail qu’elle a pu accomplir, par les progrès qu’elle a pu faire pour sensibiliser le public kényan à la préservation de la planète. À tel point que l’environnement est devenu une question centrale. L’Afrique est un continent relativement jeune, et je travaille donc très dur pour m’assurer que les efforts notamment pour replanter les arbres puissent continuer et que les jeunes jouent un rôle pour l’avenir du continent.